mercredi 28 mars 2012

Maroc : Après Taza, des manifestations secouent la ville d'Ajdir


A 80 kilomètres de Taza, la ville d’Ajdir sent l’insurrection et la révolte ces derniers temps. En effet, à quelques semaines des fameuses émeutes de Taza, la ville voisine a décidé de crier haro sur les fausses promesses du gouvernement en organisant, d’affilé, moult manifestations. « Les habitants d’Ajdir exigent de l’Etat marocain d’appliquer, à la lettre, ses revendications les plus incessibles. De même, il est impensable qu’il existe au 21e siècle des humains qui militent encore pour le droit aux moyens de transport », lance d’emblée Youness, un jeune fonctionnaire originaire d’Ajdir avant d’ajouter : « Ici, nous avons besoin de nos droits les plus élémentaires dont nous ne disposons malheureusement pas. J’imagine que nos routes sont les plus sinueuses du Royaume. Aussi, nos moyens de transport disponibles dans la ville sont-ils synonymes de retard, de vol et d’autres incongruités…»
Nous ne sommes pas antisystème...
Contrairement aux manifestations de Taza, les rassemblements d'Ajdir n'ont pas un caractère politique. Le chômage bat les jeunes de la ville de plein fouet, les jeunes espèrent que les possibilités d’emploi se concrétisent. Quant aux autres habitants, ils ne réclament pas plus de droits que les autres citoyens marocains. « Contrairement aux idées reçues, les manifestants d’Ajdir n’ont rien à voir avec celles organisées par le mouvement du 20 février à Taza », témoigne Khadija Azougach, jeune femme originaire de cette localité du Rif. « Nous ne sommes pas antisystème», continue-t-elle. Effectivement, à en croire les commentaires qui accompagnent les vidéos relayées par le site communautaire Youtube, la majorité des habitants de la ville ne veulent pas être pris pour des semeurs de zizanie. Ceux-ci ne sondent pas de slogans incitant les hommes forts du pays à quitter leurs postes. Ils ne cherchent même pas à poster des podcasts comportant des messages à l’attention du roi Mohammed VI. « Nous voulons seulement faire entendre notre voix par le biais des sites communautaires de la toile et la presse nationale », entrevoit Youness.
« Nous mettons à l’index le désinvestissement des pouvoirs publics. Depuis le départ des colons, les routes n’ont jamais été refaites et il en va de même pour le reste des infrastructures. Ce qui occasionne un risque pour l’ensemble de la population. Les premières répercussions guettent la santé. En raison de l’état des routes, il faut mettre plus d’une heure pour arriver aux villes avoisinantes. Chose qui est ressentie comme une injustice de la part des habitants qui vivent pratiquement en autarcie. Ces mêmes personnes meurent de maladies bénignes », ajoute Khadija.
En outre, depuis que les manifestations sont devenues en vogue dans le monde arabe, les villages dont on ne soupçonnait même pas l’existence s’y sont mis. Selon le parlementaire Khalid Boukri, les habitants d’Ajdir ont intérêt à manifester d’une manière civilisée. Et ce, pour ne pas reproduire les houleux évènements de la ville de Taza.

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