
« Il existe deux types de tourisme au Maroc : les touristes étrangers et, depuis quelques années, le tourisme interne. Aujourd’hui, apparaît une troisième catégorie : le retour au pays des Marocains résidant à l’étranger pour les vacances en famille », analyse Abderrahim Zahi, président de la Fondation Hassan II pour les MRE. 4,38 millions de MRE sont revenus au Maroc en 2010, soit 47,13% des « touristes ». Au sens strict du mot, tous les MRE, qu’ils décident de passer un mois avec leur famille ou un mois dans un hôtel de luxe, sont des touristes.
« Selon la définition de l’Organisation mondiale du tourisme, est touriste, un individu qui passe plus de 48h dans un pays qui n’est pas son pays de résidence », explique Salima Haddour, directrice de l’ONMT France. Par conséquent, toutes les dépenses réalisées par les MRE sont comptabilisées comme des dépenses touristiques.
Selon l’Observatoire du tourisme au Maroc, en 2009, ils ont déboursé, au total, 25,244 milliards de DH lors de leurs vacances au Maroc, soit 29,46% du total des dépenses touristiques réalisées au Maroc (transport inclus). Dans cet ensemble, les pratiques touristiques des MRE telles qu’elles sont habituellement définies - aller à l’hôtel, au restaurant, faire des activités de loisir, visiter ...- sont encore marginales.
89 % des séjours des MRE ont pour objectif de rendre visite à leur famille contre seulement 12% pour les séjours des touristes étrangers. En 2009, seuls 13% des séjours des MRE se font dans un hébergement qui appartient au secteur marchand. Le premier poste de dépense des MRE revient aux produits alimentaires avec 6,1 milliards de DH. Les services de loisirs se classent 7éme et bon dernier, selon
l’Observatoire du tourisme au Maroc.
« Les nouvelles générations ont des habitudes de consommation différentes de leurs parents. Il y a une tendance, de la part d’une catégorie de MRE, à avoir de véritables activités touristiques », admet Abdeslam EL Ftouh, directeur du pôle économique à la fondation Hassan II, insuffisantes, cependant, selon lui, pour appuyer une politique spécifique. « C’est un potentiel réel, mais cette évolution n’est pas encore très significative », souligne Abdeslam El Ftouh.
Ce potentiel peut se mesurer au niveau de dépenses des MRE de retour au Maroc pour leurs vacances, lorsqu’elles sont réalisées dans le secteur marchand. Ces dépenses s’élèvent, en moyenne, par individu, à 9861 DH par personne, contre 7873DH pour un étranger. Non que les MRE soient plus dépensiers, mais ils restent en moyenne, 18,5 jours au Maroc, contre 8,7 jours pour un touriste étranger. Ils viennent aussi plus souvent : 77% d’entre eux sont déjà venus plus de 7 fois, contre 16% des touristes étrangers.
Enfin, ils passent d’une ville à une autre : un touriste étranger fait, en moyenne 1,7 étape quand le MRE en fait 2. Les spécificités des pratiques touristiques de ces touristes devraient, cependant, aller s’atténuant selon les professionnels du tourisme. « On estime à 40% la proportion d’enfants d’émigrés dans le total des MRE. Il faut de plus en plus analyser leurs pratiques non plus comme celles de Marocains mais comme celles de touristes étrangers », explique le directeur du pôle économique à la fondation Hassan II. Selon l’ONMT France, aussi, l’élément affectif, l’attachement au Maroc, joue de moins en moins dans le calcul d’opportunité et d’intérêt réalisé par ces jeunes MRE lorsqu’ils choisissent une destination de vacances.
La diaspora marocaine n’est pas la seule à connaître des changements dans sa façon de retourner dans son pays d’origine. « Le tourisme des origines » est un concept récent. Il permet une nouvelle approche du rapport des diasporas avec le pays de leurs parents voire de leurs aïeuls.
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